Politique morgienne, Vie politique

Discours du 1er août 2012

Voici le discours que j’ai eu l’honneur de prononcer à l’occasion du 1er août 2012 à Morges

1er août 2012

Chers morgiennes, chers morgiens,

Mesdames et Messieurs,

Nous voici réunis aujourd’hui, pour célébrer ensemble la fête nationale du pays dans lequel nous vivons; et c’est avec émotion que je m’adresse à vous en ce soir de 1er août.

Une fête nationale, c’est l’occasion de partager entre habitant et habitante d’un pays un moment de convivialité et de se sentir appartenir à une même communauté, quelle que soit notre nationalité. C’est aussi l’occasion de s’arrêter sur l’instant présent, d’interroger l’histoire et de se projeter dans l’avenir.

Ainsi pour ce discours du 1er août j’ai cherché à savoir les messages que l’histoire pouvait nous donner pour faire face aux défis qui nous attendent. Connaissant les grands événements, je souhaitais avoir une lecture plus réflexive qui n’émane pas uniquement de mes propres interprétations. Je ne me suis donc pas plongée durant mes vacances dans la « Suisse pour les nuls », mais dans « L’histoire suisse en un clin d’œil » de Joëlle Kuntz, journaliste et éditorialiste au quotidien Le Temps.

L’auteure m’a rappelé qu’entre le moment où les trois cantons fondateurs ont liés leur destin par le pacte qui vous sera lu tout à l’heure et la naissance de la Constitution en 1848, bien des événements internes ou externes ont participé à la construction de notre identité. Je me suis surtout intéressée au message que nos ancêtres ont voulu nous transmettre en 1891 en choisissant le serment d’entraide perpétuelle sur la prairie du Grütli au milieu de l’été 1291 ainsi que les figures héroïques de Winkelried et surtout de Guillaume Tell pour fonder notre identité.

Aujourd’hui si certains comprennent ces figures mythiques comme des appels à la fermeture et au repli sur soi, d’autres en réponse ont tendance à les rejeter voire à les ridiculiser. Et c’est fort dommage, car l’histoire de Guillaume Tell a encore beaucoup à nous dire pour peu qu’on ne la travestisse pas.

Guillaume Tell, vous vous souvenez c’est le paysan de suisse centrale, qui maîtrisait l’arbalète et qui a refusé de saluer le chapeau du bailli Gessler. Ce dernier a accepté de laisser la vie à Guillaume Tell à la condition qu’il place une pomme sur la tête de son propre fils et la transperce à l’aide d’une flèche. Guillaume s’exécute, mais prévoit une deuxième flèche afin de tuer le bailli en cas d’échec. Lorsque ce dernier s’en aperçoit il décide d’emmener Tell au cachot, qui parvient à s’enfuir et à tuer le bailli. Pendant ce temps, les habitants et habitantes de la vallée se sont rassemblés et révoltés contre les autrichiens parachevant ainsi l’action de Guillaume Tell.

Nul esprit de fermeture ou de repli sur soi dans ce mythe fondateur. Juste la conscience chez Guillaume Tell de sa propre dignité humaine et la volonté de se faire respecter. Il y a beaucoup d’autres messages dans cette légende, mais celui que je souhaite souligner aujourd’hui c’est l’interaction entre l’action individuelle et l’action collective.

Il m’apparaît que c’est surtout là que réside l’identité nationale, dans la conviction que l’action individuelle nourrit, stimule l’action collective et inversement. C’est de cette conviction qu’est née la possibilité de fédérer des Etats indépendants en un Etat confédéré subordonné à une démocratie directe. Finalement la Suisse, ce n’est ni le tout Etat, ni le tout individuel mais un savant dosage des deux, où chacun assume sa part de responsabilité.

Les Guillaume Tell d’aujourd’hui ne sont plus de rudes paysans de suisse centrale, mais ils ont la même force morale et la même force de conviction. Ils ouvrent des portes sur l’avenir, nous questionnent, s’exposent souvent et nous donnent l’énergie et l’envie de les suivre. Ils construisent des avions solaires, s’engagent et cherchent des solutions pour sauver des emplois et maintenir des savoir-faire, ils nous rappellent que nous sommes tous l’étranger de quelqu’un.

C’est ensemble, avec eux que nous construirons la Suisse de demain, une Suisse ouverte, qui va de l’avant, souriante et généreuse. Une Suisse qui comme Joëlle Kuntz sait qu’ « Aucun pays n’existe solitairement, fût-il, comme la Suisse, un petit pays solitaire »

Je vous remercie de votre attention et me réjouis de partager le verre de l’amitié avec vous à la fin de la cérémonie officielle. Mais pour l’instant je cède la place au Chœur du 1er août.