Energie

Verrons-nous la fin du nucléaire

source photo : javideveloppement.blogspot.ch

Lorsque vers mes 18 ans, je participais à ma première manifestation anti-nucléaire suite à l’accident de Tchernobyl, j’étais loin de m’imaginer le peu de chemin que nous aurions parcouru 26 ans plus tard.

Enfin c’est peut-être cette lenteur d’action qui m’a fait passer de la consommatrice et citoyenne active voire militante occasionnelle à militante tout court et politicienne engagée. J’ai ainsi la satisfaction d’avoir participé à la récolte de signatures de notre initiative fédérale pour la sortie du nucléaire. Mais je reste consciente que cette première étape franchie, il reste à gagner le vote des citoyennes et citoyens; puis à travailler à la mise en œuvre d’une politique énergétique qui nous permette de nous passer de cette énergie coûteuse, dangereuse et néfaste moyen à long voire court terme.

Parce que si le mouvement semble s’accélérer, force est de constater que le Conseil fédéral avait après Fukushima proposé l’arrêt en 2034, puis le délai suite à la pression des lobbys du nucléaire a augmenté de 10 ans. Nous voyons donc bien là, que les Verts ont eu raison d’aller au bout de leur initiative, afin de maintenir la pression populaire.

Sortir du nucléaire d’ici 2029 implique une stratégie énergétique politique volontariste, qui mise tant sur le soutien aux énergies renouvelables que sur l’efficience énergétique sans oublier la recherche. S’engager dans cette démarche ne signifie pas retourner en arrière bien au contraire, il s’agit de construire un monde moderne et durable, de garantir l’accès à l’électricité à l’ensemble de la planète (aujourd’hui 20% de la population mondiale n’a pas d’accès à l’électricité) tout en préservant notre environnement pour nous et les générations futures. Certes c’est un grand défi tant technologique que populaire, effectivement les obstacles aux énergies renouvelables ne se trouvent pas uniquement chez les défenseurs du nucléaire, preuve en est la difficulté à implanter aujourd’hui des éoliennes.

Si nous voulons relever ce défi, il va falloir admettre d’une part que fournir de l’électricité a de toute façon un impact sur le paysage et l’environnement. Il implique aussi de sortir de la logique qui consiste à miser sur une seule, voire deux sources d’approvisionnement énergétique, les solutions doivent être diverses et correspondre aux possibilités de chaque région et pays. Afin de limiter cet impact, l’efficience énergétique tant des bâtiments que des appareils doit être une priorité. Chacun et chacune devra réinterroger ses pratiques de consommation ce qui ne signifie pas pour autant une perte de qualité de vie. La réussite passera aussi par des mesures d’accompagnement envers les propriétaires ou entreprises qui seront amenés à modifier soit leur chauffage, l’isolation de leur bâtiment ou leurs installations.

Alors oui sortir du nucléaire implique du travail, mais n’est-ce pas bon pour l’économie ;-)? Je trouve enthousiasmant de nous dire que nous pouvons participer d’une manière ou d’une autre à ce vaste chantier.

Je conclurai en disant qu’aujourd’hui « le retour à la bougie » c’est s’accrocher à une technologie obsolète comme le nucléaire, la modernité consistant à envisager d’autres sources d’énergie en regardant avec optimisme vers l’avenir. Et j’espère bien voir la fin du nucléaire.

 

Nature en ville

Des espaces verts sur nos maisons

Lors d’un voyage à Vienne, je suis allée voir la maison Hundertwasser qui porte le nom d’un de ses concepteurs; soit Friedensreich Hundertwasser. Cette maison bariolée abrite 50 logements sociaux, 150 arbres, 200 locataires, 16 terrasses privatives largement végétalisées et 3 jardins communs a été construite entre 1983 et 1985. Les appartements ont une surface allant de 36m2 à 150 m2 et ils sont tous différents. Le loyer se situe aux alentours des 5 Euro le m2, à l’époque la construction avait coûté 7,5 millions d’Euro.

Une ville entière à l’architecture Hundertwasser semble donnerait très certainement une impression de lourdeur, son style étant quand même très particuliers. Cependant certains éléments de conception s’intègrent à tout-à-fait dans une architecture plus “sobre” et conventionnelle. Ils mériteraient d’être plus souvent appliqués afin d’offrir une meilleure réponse aux besoins sociaux et environnementaux d’aujourd’hui et de demain en matière de logements, d’aménagement du territoire et de qualité de vie.

Ce qui frappe le plus dans les constructions d’Hundertwasser c’est la place importante accordée aux végétaux de toutes sortes dans la construction d’un bâtiment. Ses réalisations démontrent qu’il est possible de végétaliser des édifices quels qu’ils soient (immeuble, villa, usine d’incinération,…) ceci de manière abondante et variée puisqu’ils accueillent même des arbres.

Lorsque j’ai vu l’opulente végétation de la maison de Vienne, je nous ai trouvé bien modeste et timide avec nos toits qui laisse une place assez maigre à la verdure, sans parler de nos parkings ouverts ou couverts sur lesquels ne poussent souvent que quelques rachitiques arbres.

A l’heure de la densification et du mitage du territoire, il est fort dommage que nous ne profitions pas plus de ce moyen pour rendre à la nature ce que nous lui prenons tout en offrant à l’Homme une amélioration de la qualité de l’air et un paysage plus verdoyant. Effectivement il est démontré depuis longtemps déjà que la végétalisation des bâtiments permet entre autre la préservation d’une biodiversité de qualité en milieu urbain, atténue les îlots de chaleur et améliore la qualité de l’air en complétant efficacement l’action des poumons verts que sont les parcs des villes.

Il semble intéressant de préciser que techniquement les toitures végétalisées offrent une meilleure étanchéité que les toitures plates tout en améliorant le confort acoustique des bâtiments, ce qui est non négligeable du point de vue de la qualité de vie des habitantes et habitants. Une meilleure étanchéité signifie aussi une moindre détérioration des édifices et devrait favorablement intéresser les promoteurs.

Nous aurions tout à gagner en privilégiant de manière plus systématique la végétalisation du bâti.  La Suisse a déjà une politique de sensibilisation et d’information des architectes, mais les résultats me semblent insuffisants. Les pays qui ont une longueur d’avance ont mis en place des mesures incitatives financières conséquentes pour le développement des toitures végétalisées, mesures souvent complétées par des soutiens dans certaines villes. Si l’on considère que le marché estimé en Allemagne est de plus de 13 millions de mètres carrés par an, nous pouvons voir qu’une incitation financière à ce type de construction permettrait de développer et de diversifier le tissu économique comme le prévoit le programme du Conseil d’Etat d’une manière très certainement aussi efficace et plus durable que des exonérations fiscales aux entreprises internationales. Au niveau fédéral ce type de mesure  fait partie des réponses possibles à l’initiative des Verts en faveur de l’économie verte.