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Des francs et des larmes

 

Il n’est pas rare de lire dans la presse les résultats de telle ou telle étude chiffrant les coûts de telle ou telle pathologie ou comportement problématique.

Ainsi en juin 2010 les médias relayaient une étude qui présentait les coûts des maux de dos pour l’économie, alors que plus récemment c’était au tour des violences conjugales d’être quantifiées monétairement.

J’avoue que cette manière de faire m’a toujours particulièrement choqué.

Si la scoliose ou les dépressions contribuaient à faire progresser notre PIB et la productivité des entreprises, devrait-on s’en réjouir ?

En cherchant à mettre de la sorte des chiffres sur la douleur humaine, on finit par la dénaturer, et on oublie que derrière ces millions de francs perdus par l’économie il y a des milliers de personnes qui souffrent.

On ne devrait ainsi pas agir contre le mal de dos parce qu’il engendre des frais pour les entreprises, mais parce qu’il fait souffrir et handicape des travailleurs et travailleuses.

Et il ne convient pas d’investir dans la prévention contre l’obésité par celle-ci est responsable de plusieurs milliards de coûts par année, mais pour garantir aux personnes susceptibles d’en être atteintes de meilleures conditions de vie.

On me dira qu’il est plus facile de parler en termes de francs, qui sont une unité objective et tangible, qu’en termes de sentiments ou de douleur physique, notions plus difficiles à définir et estimer.

Certes, mais n’oublions pas que l’objectif de ces politiques doit rester l’amélioration de la qualité de vie, et non l’efficacité économique.

ça semble logique, mais on dirait que certains l’oublient parfois…