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La Suisse compte un réfugié politique

La Suisse compte un prisonnier politique. Le 15 avril dernier, Mehmet Yesilçali, réfugié politique turc, a été arrêté dans le cadre d’une vague d’arrestations d’opposants politiques en Europe commanditée par la Turquie et exécutée par la justice allemande.

L’État turc, dont la dérive répressive n’est plus à prouver, utilise la justice allemande pour exiger l’extradition de membres de l’opposition démocratique turc en Europe. Ainsi, en l’espace de quelques jours, douze militant-e-s de la Confédération des travailleurs de Turquie (ATIK) ont été arrêtés, en Allemagne, en Grèce, en France et donc Mehmet Yesilçali en Suisse.

Le motif d’arrestation invoqué est le soupçon d’appartenance à une organisation terroriste, sans aucune preuve quant à d’éventuelles actions répréhensibles. ATIK est une confédération syndicale menant des actions politiques légales dans différents pays d’Europe.

L’État allemand exige leur extradition pour des motifs inexistants, au mépris du droit et de la loi. Le ministère de la justice n’apporte aucune preuve à l’appui de ses accusations. Ces méthodes ne peuvent être tolérées.

Bien que cette situation soit connue de la Suisse, le département fédéral de Justice et police a décidé le 19 juin 2015, en violation de la Convention de Genève, sans recourir aux tribunaux helvétiques et contrairement aux pratiques normalement en vigueur, d’extrader Mehmet Yesilçali, actuellement incarcéré en Suisse sans aucun motif valable.

Cette décision est purement politique et contraire à la Convention européenne des droits de l’homme qui interdit toute condamnation pour des actions ou omissions qui ne constituent pas un acte délictueux au moment où elles ont été commises. Selon la loi, personne ne peut être condamné ou extradé pour des actions qui ne sont pas punissables dans l’État dans lequel elles ont été commises.

D’un point de vue du droit d’asile, comment peut on utiliser les motifs d’asile reconnus pour décider, sans aucune base légale, d’extrader un réfugié politique ? Depuis quand le pays dépositaire des conventions de Genève se met à extrader des opposants politiques ?
C’est une décision arbitraire, lâche en terme de souveraineté politique et inacceptable au niveau juridique !

Mehmet Yesilçali est incarcéré illégalement depuis le 15 avril dans le canton de Fribourg. Son extradition vers l’Allemagne serait le symbole de la criminalisation dont les organisations de migrants sont parfois victimes. Le droit à s’organiser collectivement et démocratiquement doit leur être garanti.

La Suisse ne doit pas céder aux pressions du gouvernement turc et agir indépendamment. Nous ne pouvons être complice de la répression des opposants politiques démocrates turcs. Le département de la justice doit annuler l’extradition de Mehmet Yesilçali et le libérer immédiatement !


Merci de partager ce texte au maximum, la Suisse n’a pas à extrader un opposant politique démocrate.

Site web : http://www.atik-online.net/english/2015/05/freedom-and-political-asylum-to-the-turkish-militants-of-atik/

Facebook : https://www.facebook.com/pages/Libert%C3%A9-pour-mehmet-yesilcali/468813123273303

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Ecopop ou le retour de Malthus

Thomas Malthus, économiste britannique, développa en son temps une analyse économique incluant les questions démographiques. Il soutient que, contrairement aux ressources qui ne croissent que linéairement, la population, elle, augmente de façon exponentielle. Ainsi, selon lui, les guerres et les épidémies ne jouant plus leur rôle de régulateurs démographiques, il convient de trouver de nouveaux moyens pour contenir l’augmentation de la population. 

À priori, la théorie malthusienne peut paraître cohérente : plus nombreux nous sommes, plus nous aurons besoin de ressources, limitées en nombre. Cependant, Malthus n’a pas tout prévu dans son analyse économique « pessimiste » : la productivité a augmenté, de nouvelles ressources ont été découvertes (charbon, pétrole) et de nouveaux moyens d’échanges ont été créés.

Ainsi, en terme de pauvreté, les prévisions de Malthus ne se vérifient pas non plus. La population est passée de 2 milliards d’habitants en 1960 à 6 milliards à l’aube de l’an 2000 alors que dans le même temps la proportion de personnes souffrant de malnutrition est passé de 66% à 14% (2 milliards en 1960, 800 millions en 2000).

Mais, vous allez me dire, pourquoi citer Malthus alors que l’histoire lui a donné tort ?
Car ses théories de limitation de l’accroissement de la population ont été officiellement appliquées dans certains pays d’Asie, comme la Chine ou le Viêt Nam. Ces essais continuent d’être décriés suite, entre autres, à leur impact négatif sur l’évolution de la proportion de femmes et d’hommes.

Malthus et sa théorie de maitrise de la croissance démographique rencontrent aussi un certain écho et sont portées en Suisse par l’association Ecopop depuis une trentaine d’années. Cette association porte les questions de démographie depuis les échecs des brunes initiatives Schwarzenbach. Leurs idées sont sur le devant de la scène suite au dépôt, en nov.2012, de l’initiative « Halte à la surpopulation- oui à la préservation durable des ressources naturelles », prochainement soumise au vote populaire.

Cette initiative défend deux mesures censées préserver les ressources naturelles. La première, dans le but de limiter l’accroissement de la population, stipule que le solde migratoire annuel ne doit plus dépasser 0.2%. Cela équivaut à diviser par cinq le nombre de personnes venant s’installer en Suisse chaque année, en passant d’environ 70’000 à 15’000 personnes.

Cette mesure prétend protéger les ressources naturelles sans toutefois oser s’attaquer au vrai problème : notre impact sur l’environnement par tête d’habitant bien trop élevé. Si chaque habitant de la Terre consommait comme un suisse moyen, il nous faudrait 3 planètes pour subvenir à nos besoins globaux. Il est question de mode de vie et de politique publique, et non d’immigration.

Si ils sont sincères, les initiants devraient aller au bout de leur raisonnement et oser demander la réduction par deux de la population présente dans notre pays. On voit bien le non-sens de leur approche qui pourtant souligne des problématiques sérieuses.

La deuxième mesure veut financer, à travers la coopération internationale, des programmes de planification familiale. Cette mesure, comme la première d’ailleurs, me choque profondément. Les initiants nous font croire que le manque de ressources serait de la responsabilité des habitants des pays du Sud et de leur démographie trop importante alors que l’impact écologique moyen y est bien plus faible qu’en Suisse.

De plus, étant actif dans la coopération internationale depuis quelques années, je peux vous dire qu’Ecopop se trompe en liant de la sorte démographie et pauvreté. Au contraire, l’accès aux soins, à l’éducation et à un minimum de confort a tendance à faire baisser le taux de fécondité.

Bref, la planification familiale n’a rien d’une solution et le budget de la coopération doit être efficacement utilisé, dans les domaines de l’éducation, de la santé ou de soutien à des projets de petites entreprises.

Selon l’association Ecopop, la solution serait simplement de limiter drastiquement l’immigration en Suisse et de contrôler la natalité des pays du Sud. Sans toucher mot des réformes nécessaires en matière d’aménagement du territoire, au niveau de la fiscalité, des milliers de nouvelles villas individuelles construites chaque année, de l’agriculture ou encore de notre consommation d’énergie encore bien trop élevée. Ces problématiques nécessitent des politiques globales et volontaristes auxquelles les Verts s’attellent depuis 30 ans. Il est bien sûr plus simple de poser un chiffre sur l’immigration et de faire croire que ces problèmes en seraient résolus.

Pour finir, les initiants veulent nous faire croire que leur initiative est une solution écologiste à la problématique des ressources et de notre impact sur l’environnement. Ils se trompent totalement et je réfute ce lien fait entre ce projet nationaliste et les mouvements se réclamant de l’écologie politique.

Historiquement, le mouvement écologiste a toujours été à la pointe de l’engagement pour la solidarité internationale et il trouve en partie son origine dans les mouvements anti-impérialistes de par le monde. Contre la guerre du Vietnam, l’invasion en Afghanistan, la répression à Pékin, la solidarité avec les peuples en lutte ou encore l’engagement pour les droits des réfugiés.

Au niveau suisse, nous nous engageons avec force pour une Suisse ouverte et solidaire, dans les parlements et dans la rue. Pour une Suisse qui ne scinde pas des familles en limitant leur regroupement. Celle qui ne menace pas les droits fondamentaux des centaines de milliers de concitoyens sans passeport à croix blanche. Celle qui se remémore les années Schwarzenbach et fera tout pour empêcher le retour de statut de saisonnier. Celle qui, enfin, reconnait la contribution essentielle et historique des immigrés au bien-être commun, à la qualité de vie et au vivre-ensemble.

Hélas, cette Suisse là est de plus en plus menacée et elle se voit, une nouvelle fois, attaquée. Il est de notre responsabilité, nous écologistes, de nous engager pour que ce projet brunâtre qui mêle malthusianisme et politique néocoloniale soit balayé démocratiquement !